On en parle ?

De l’éco-conscience à l’éco-conception web

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Et si je vous disais que Facebook, les mails, Squid Game et même les impôts, ça pollue ?!

Nous ne voulons pas le savoir et pourtant, on nous le répète, si internet était un pays, il serait le 3ème plus gros consommateur d’électricité au monde, derrière la Chine et les Etats-Unis.

On appelle cela la pollution numérique et elle est responsable, à elle-seule, de 4% des émissions de gaz à effet de serre de la planète (The Shift Project).

En ligne de mire : la vidéo. Elle génère à elle seule 300 millions de tonnes de CO2 par an soit 1% des émissions de gaz à effet de serre. 

Car internet n’est pas aussi virtuel que ce que les géants du web voudraient bien nous le laisser croire.

Toutes les données sont stockées sur de gigantesques serveurs qui, comme toutes les machines, émettent de la chaleur. Ils consomment une énergie et des quantités d’eau monstrueuses pour garder une température qui leur permette de fonctionner correctement.

Mais une fois qu’on a dit ça, on fait quoi ? 

À l’ère de la dématérialisation à tout va, on ne va pas certainement pas débrancher internet. Mais on ne peut pas non plus fermer les yeux et encore moins mettre la tête dans le sable.

On peut tous agir à notre petit niveau. C’est ce que j’appelle l’éco-conscience.

Un impact gigantesque possible à limiter si on s’y met tous

  • Plus d’un tiers des vidéos sont des VOD. Au lieu de les regarder en streaming, téléchargez-les. En allégeant la bande passante, vous réduirez la consommation des serveurs. Petit bonus, l’image gagnera en qualité.
  • Désactivez la fonction vidéo automatique sur vos réseaux sociaux.
  • Limitez au maximum les newsletters et faites du ménage dans votre boîte mail. Plus de 80% des courriels ne sont jamais ouverts. Dommage, quand on sait que l’envoi d’un message avec une pièce jointe correspond à la consommation d’une ampoule pendant 24h.
  • Choisissez les applications les moins lourdes, supprimez celles que vous n’utilisez plus et bloquez les notifications. Cela préservera la batterie voire prolongera la durée du vie de votre téléphone.
  • Renouvelez votre matériel uniquement lorsqu’il ne fonctionne plus et n’est plus réparable.
  • Et bien sûr, pensez à éteindre votre box quand vous ne l’utilisez pas.

Il s’agit là de quelques exemples de ce que l’on peut faire à titre individuel contre la pollution numérique. Mais en tant que simple internaute, on ne peut pas agir sur les émissions de CO2 des sites web eux-mêmes. C’est aux concepteurs et à ceux qui les mandatent de s’en charger.

Image d'un data center avec des serveurs à perte de vue pour illustrer la pollution numérique.
Illustration de data-center – Le plus grand est en Chine, il couvre près de 600 000 m2

Un site internet est composé de dizaines de milliers de lignes de code qui sont stockées sur un serveur.

Vous l’avez peut-être remarqué, j’ai inséré beaucoup d’icônes sur le site Web d’ici. Elles fluidifient la lecture, mais elles sont surtout aussi explicites et beaucoup plus légères que des photos. Imaginez un peu, pour faire apparaître une petite icône comme celle-là, voilà toutes les informations qui doivent être tapées :

<svg xmlns= »http://www.w3.org/2000/svg » viewBox= »0 0 640 512″><path d= »M480 80c0-44.18 35.8-80 80-80s80 35.82 80 80c0 44.2-35.8 80-80 80s-80-35.8-80-80zM0 456.1c0-10.5 2.964-20.8 8.551-29.7L225.3 81.01C231.9 70.42 243.5 64 256 64s24.1 6.42 30.8 17.01L412.7 281.7l48.2-79c3.2-6.6 11.3-10.7 19.1-10.7 7.8 0 15 4.1 19.1 10.7l132 216.4c5.8 9.5 8.9 20.6 8.9 31.8 0 33.7-27.4 61.1-61.1 61.1H55.91C25.03 512 0 486.1 0 456.1z »/></svg>

Vous trouvez que c’est beaucoup ? Pourtant, j’ai optimisé ce code pour le simplifier au maximum.

Car, à chaque fois que cette page sera chargée par quelqu’un, ces informations et celles de tous les éléments qui entourent ma petite icône feront des aller-retours entre le serveur où est stocké Web d’ici et le smartphone, la tablette ou l’ordinateur sur lequel vous naviguez.

Plus la ligne de code est longue et plus ces transferts d’informations consommeront d’énergie.

Si je n’avais pas simplifié ce code, voilà comment il apparaîtrait.

<svg xmlns= »http://www.w3.org/2000/svg » viewBox= »0 0 640 512″><path d= »M480 80C480 35.82 515.8 0 560 0C604.2 0 640 35.82 640 80C640 124.2 604.2 160 560 160C515.8 160 480 124.2 480 80zM0 456.1C0 445.6 2.964 435.3 8.551 426.4L225.3 81.01C231.9 70.42 243.5 64 256 64C268.5 64 280.1 70.42 286.8 81.01L412.7 281.7L460.9 202.7C464.1 196.1 472.2 192 480 192C487.8 192 495 196.1 499.1 202.7L631.1 419.1C636.9 428.6 640 439.7 640 450.9C640 484.6 612.6 512 578.9 512H55.91C25.03 512 .0006 486.1 .0006 456.1L0 456.1z »/></svg>

La lutte contre la pollution numérique, une question de choix dès la conception

Tout cela est un peu technique, mais c’est pour vous faire réaliser que, comme dans la vie, il n’y a pas qu’une seule façon de faire.

On peut aujourd’hui construire très simplement un site attractif avec force effets spéciaux qui clignotent dans tous les sens. Mais vous l’aurez compris, plus on en rajoute, plus on consomme de l’électricité, plus on émet de gaz carbonique et plus c’est mauvais pour la planète. CQFD.

Moi, j’ai choisi de faire autrement. De l’éco-conception web. Cela demande un peu de rigueur, mais ce n’est pas si compliqué que cela. 

Tout est une question de choix, vous disais-je. Du début jusqu’à la fin du processus.

L’hébergeur

C’est-à-dire la société que vous paierez pour stocker les données de votre site internet. C’est ce qui qui utilise le plus de ressources pour fonctionner.

Il y en a de toutes sortes et heureusement quelques uns qui se préoccupent de l’impact de leur activité sur la planète. Ils choisissent des équipements moins gourmands et les alimentent avec des énergies décarbonées, voire, mieux encore, renouvelables. Choisir un hébergeur vert et avec des serveurs localisés non loin de chez soi, c’est déjà réduire de près de moitié l’empreinte carbone de son site web. Et donc la pollution numérique qu’il génère.

Les images

Autre point très important. Les images représentent l’immense majorité des contenus consultés sur internet et elles sont beaucoup plus lourdes que le texte. Il est donc fondamental de les utiliser à bon escient. Pas question de s’en priver, mais il est inutile de surcharger ses pages avec des photos ou des vidéos d’illustration. 

Saviez-vous qu’une photo n’a pas besoin d’une grande résolution pour apparaître de façon correcte sur un écran ? C’est totalement différent de l’impression.

Il est donc essentiel de reformater chaque image avant de l’intégrer à son site web. Cela vaut pour les photos, mais aussi les vidéos et par extension media, pour le son.

C’est loin d’être anecdotique. Chaque image sera chargée par chaque nouvel utilisateur d’un site. Imaginez la différence d’impact qu’il peut y avoir entre une photo de 3 ou 4 mo et son alter ego de 50 ou 60 ko.

Dans l’absolu, mieux vaut aussi privilégier une photo à une vidéo et une icône ou un dessin à une animation graphique. Il ne s’agit bien sûr pas d’un principe absolu, mais cela mérite de se poser la question à chaque fois. Cet élément est-il vraiment utile ou est-ce que je peux le remplacer par un autre tout aussi efficace et moins problématique en matière de pollution numérique ?

Le code

Je ne reviendrai pas en détail dessus, je vous en ai fait la démonstration un peu plus haut. Pour faire un site entièrement éco-conçu, l’idéal est de le développer de A à Z. Je ne suis pas développeuse web, mais je peux déjà faire beaucoup. Mes sites, je les construis à partir de CMS, WordPress et Prestashop. Ils me fournissent une base de départ avec des trames (= des thèmes) et des outils. Et là encore, j’ai le choix : utiliser des thèmes ultra-sophistiqués, mais très lourds, que je n’ai plus qu’à remplir par simple « glisser-déposer », ou alors choisir les trames les plus légères et les faire évoluer en fonction des besoins réels de mes clients, en simplifiant le code à chaque fois que c’est possible, grâce à des outils adéquats. C’est ce que je fais avec les icônes, par exemple. 

L’ergonomie du site

Exit les fonctionnalités et les pages qui ne serviront à personne et qui utilisent du stockage inutilement sur les serveurs. La navigation sur le site doit être simplifiée au maximum pour que les utilisateurs trouvent rapidement les informations qu’ils recherchent. C’est plus confortable pour eux et meilleur pour la planète.

Je pourrais encore vous parler des couleurs, des polices, mais je vais m’arrêter là. Si vous voulez creuser un peu plus le sujet, vous pouvez aller sur le site du collectif Green IT. Et peut-être aurons-nous aussi l’occasion de discuter de pollution numérique et d’éco-conception web de vive voix ?

Un rapport gagnant-gagnant

Vous l’avez vu, en appliquant avec rigueur quelques règles simples et de bon sens, on arrive à construire des sites relativement légers. Outre leur aspect plus écologique, ils sont aussi plus performants techniquement. Ils mettent beaucoup moins de temps à s’afficher sur les écrans et ne nécessitent pas les technologies les plus modernes pour fonctionner. Un utilisateur qui possède un ordinateur ou un téléphone un peu ancien, pourra ainsi y naviguer sans peine. Pas besoin pour cela de changer de matériel. Le renouvellement des appareils informatiques est une autre grande source de pollution numérique.

Et hop, encore un petit coup de pouce pour la planète, un autre pour l’équité sociale et, qui sait, un client supplémentaire ?

Élargir son champ de vision

Illustration d'un groupe d'adeptes du Tai-Chi faisant la figure qui consiste à repousser le singe. Main en avant, comme pour dire stop, ici, à la pollution numérique

Et comme j’aime aller au bout des choses, je vais juste encore vous parler préservation des forêts et de la biodiversité.

Même conçu avec attention, un site internet continuera toujours à polluer.

Si je prends l’exemple de mon site, Web d’ici.

La page d’accueil émet, à chaque fois qu’un internaute l’ouvre, 0,18g de CO2.

C’est certes mieux que 87 % des pages web en moyenne (selon websitecarbon.com), mais pas de quoi pavoiser pour autant. Si l’on schématise, cela représente encore, sur un an, la quantité de carbone qu’un arbre peut absorber en moyenne sur la même période. 

Vous imaginez le nombre d’arbres qu’il faudrait pour compenser toutes les émissions de CO2 de toutes les pages en activité sur internet ?! 😳

Protéger nos « puits de carbone » naturels

Une des solutions pour atténuer cet impact est que chacun contribue à la préservation des forêts. Je ne vous parle pas de planter un arbre à côté du serveur de votre hébergeur en lui donnant pour mission de faire disparaître la pollution que génère votre site, en bon petit esclave de l’environnement! Non, ce serait trop facile, très artificiel et très égoïste aussi. Il est plus question là de respect de la nature. De prise de conscience du rôle fondamental des forêts dans le maintien d’un équilibre entre l’activité humaine et le nécessaire écosystème de la planète qui nous abrite. Et il y a des façons très simples d’y contribuer, même si vous n’avez pas la main verte, ni même de jardin.

Il est aujourd’hui possible de parrainer des arbres grâce à des start up engagées. Elles se chargeront de les planter et de veiller à ce qu’ils grandissent dans un univers préservé. Moi, j’ai choisi de faire appel à Ecotree. 😉

Leur combat, je les cite : « créer des forêts durables, continues, dans lesquelles les écosystèmes sont préservés et favorisés, où la biodiversité s’épanouit et où les arbres séquestrent du CO2 sur le long-terme, en poussant à leur rythme et en étant, par la suite, destinés à former du bois d’œuvre qui continue de stocker le carbone absorbé ».

Le développement durable, c’est « Un développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » – Définition du rapport Brundtland de la Commission européenne (1987)